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LE MONDE.

Le lendemain, Jacques recevait cette simple dépêche de Laus :

Venez tout de suite.

Il sortit après avoir, chose insolite aujourd’hui, embrassé sa femme comme avec un étrange pressentiment.

Henri Laus était couché, d’une pâleur le faisant plus beau encore. Assis au pied du lit, un homme était là, l’étudiant anxieusement. Quand Jacques entra : « Vous êtes monsieur Soran ? » lui dit le médecin. Et il l’entraîna dans la pièce voisine.

M. Henri Laus, sous le coup d’un chagrin qu’il s’est refusé à me confier, a absorbé ce matin une dose terrible de laudanum. La trop grande quantité de poison l’a peut-être sauvé. Mais il est dans un état moral alarmant et c’est entre vos mains, Monsieur, puisque vous êtes, m’a-t-il dit, son seul ami, que je le remets maintenant. Quelques jours suffiront, sans doute, à le rétablir ; mais dès que cela sera possible, qu’il s’éloigne et, si je ne me suis pas trompé, qu’il tâche d’oublier.

Le médecin s’en alla après avoir fait ses dernières recommandations.

Jacques s’approcha du lit. Elle était là, sous