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LE MONDE.

petit appartement où Soran venait souvent. Un jour, Jacques sonna : il entendit un bruit de voix, mais la porte resta fermée. Il ne se nomma pas, et il s’en alla désespéré. Quand il y retourna, il ne fit pas allusion à sa dernière visite, et il remarqua avec tristesse un colifichet féminin oublié sur un fauteuil. La jalousie cuisante entra dans son cœur. Maintenant il quittait à peine Laus qu’il revenait aussitôt auprès de lui, trouvant chaque fois des prétextes pour ne pas le laisser seul. Il eut l’idée de l’associer à ses grands travaux dans une collaboration de tous les instants, et il vit avec bonheur que Henri, déjà initié par la disposition mystique de son esprit, prenait goût à ces études, et paraissait fier de cette coopération.

Un matin, Laus ne vint pas au rendez-vous qu’il avait donné à Jacques. Avec un sinistre pressentiment, Soran s’alla cacher sous une porte et, comme il eut fait une maîtresse, il épia patiemment son ami…

Bientôt, il le vit sortir, ayant à son bras une femme ; ainsi qu’un pauvre amant trompé, il pensa fondre en larmes, lui, l’homme fort d’autrefois, et il les suivit. Henri Laus entra dans un bureau de poste, et elle l’attendit. Rapidement Jacques passa auprès d’elle, la vit hélas !