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SODOME.

tant longtemps hors de chez lui. Il courait jusque chez Henri, et il entreprit avec amour de le conquérir. Un jour il annonça à sa femme qu’il ne dînerait pas chez lui et rentrerait tard. Elle entendit, résignée. Il passa la soirée avec Laus et l’on devine son ravissement quand il retrouva chez celui-ci joint à ce corps merveilleux un esprit sublime qui acheva de l’éprendre entièrement. C’était la même simplicité et le même abandon ; c’était la même grâce et la même beauté qui lui étaient apparues à Noirchain chez cet Être insaisissable… Avec un subterfuge, moyen rapide de prendre quelques privautés à l’allure très pure, il raconta à Henri qu’il était le portrait vivant d’un jeune frère qu’il avait chéri et qu’il avait perdu. Depuis, chaque fois qu’il le revoyait, il le baisait au front. Henri Laus, ayant, comme Soran autrefois, besoin d’affection et d’amitié, sans famille, trouvait ces épanchements très doux. Ils passaient ensemble de longs moments et bientôt Jacques devint furieusement épris…

Un matin, il amena chez lui Henri Laus et le présenta à sa femme. En voyant ce jeune homme plus beau qu’elle, s’appuyant familialement au bras de Soran, elle fut polie, mais éprouva pour lui une invincible répulsion :