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L’ENFANCE.

bureau de l’hôtel : il lui semble qu’on sourit à son passage : il regrette d’être venu, il voudrait s’en aller : la porte de la chambre s’ouvre et il entre ; la raccrocheuse, experte, a lu dans son esprit et dans sa bourse : elle est maternelle, et mignotante et joyeuse ; cela l’amuse, la bonne fille, de prendre cette virginité ; lui est là, bouche bée, ne sachant que faire : ce gros rire l’énerve… au bout de quelques instants, il descend encore débraillé, étonné et écœuré : c’est çà, la femme !…

Le corps est souillé, mais l’âme encore vierge ; non pour longtemps ; un an après, il aime ; une femme avatar de la première, qu’il voit au travers d’un arc-en-ciel d’illusions, empoigne cette pauvre âme ; telle, la douce Méditerranée :

Le ciel est pur et l’eau est bleue : sur la plage, l’homme étend ses membres lassés que la mer mollement caresse : il se laisse lécher, inconscient ; ces blandices le charment et les flots l’emportent en le berçant, et il s’éloigne du bord : et le ciel est bleu et l’eau est pure ; et voilà que, tout à coup, il entend des grondements affreux et d’immenses bouillonnements sourdre au-dessous de lui ; c’est la tempête inconnue et formidable : et il veut fuir, et la mer se calme, et il s’abandonne encore à cette escar-