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SODOME.

Cette dernière nuit, lorsque, en rentrant chez lui, il vit sa femme en pleurs, il eut un remords d’une faute que, seulement, il avait failli commettre. Il fut aimant plus que jamais et trouva des caresses, cet homme plein de caresses, qui chassèrent de l’esprit de Berthe Gouvaut les premières tristesses si ténues et si amères. Il eut, dans son besoin de se ressaisir lui-même, des mots vrais, qui furent pour tous deux l’affirmation d’un bonheur irrévocable. La tranquillité et le calme revint alors, absolu. Dans une continuelle tromperie de lui-même, il aima sa femme et le lui prouva.

L’abbé Gratien souvent l’encourageait et le soutenait, à qui il devait ses espérances de salut, et auquel il n’avoua pas (combien il avait changé !) cet écueil qu’il avait rencontré par sa faute. C’est à ce moment que, dans le désœuvrement uni d’un bonheur monotone, il voulut se remettre à l’étude. Il conçut une œuvre formidable, expression de toutes ses idées, produit aussi de ses douloureuses expériences sur lui-même. Ce devait être, dans ses projets, la formule immuable et complète de la science de l’homme ; partant de considérations transcendantales en s’appuyant dans la réalisation sur les faits les plus infimes, il devait arriver à des