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SODOME.

nalement regardé tout à l’heure. Son extérieur frappa Soran : les cheveux frisés, le teint fardé, le cou nu, la taille serrée les hanches saillantes, il jetait à Jacques un coup d’œil efféminé qui lui parut bizarre. La main dans la poche, le bras tremblotant, agité d’un honteux mouvement de va-et-vient, il bossuait son vêtement, dans une provocation qui ne put échapper à Jacques, et comme un succube infâme il proposait nettement son corps de fille pour des satisfactions monstrueuses. Jacques Soran eut un frémissement, presque un blasphème devant cet acharnement des circonstances et du sort. Elle était encore sous ses yeux, la gigantesque tentation, cette Sodomie protéenne qui s’était montrée à lui sous des formes si multiples :

Il se rappela Giraud dont les enfantillages déjà mûrs avaient peut-être semé en lui les germes d’une maladie qu’il sentait évoluer. Ensuite, ç’avait été dans cette retraite où il se croyait à l’abri, l’apparition… Jacques eut la force de chasser cette image de sa pensée : il revit encore sa première chute, plus tard, avant-goût de jouissances qui s’offraient en ce moment, complètes et entières. La curiosité, du moins s’excusa-t-il par ce sentiment, le retint quand il aurait dû fuir. L’individu aux allures