Page:Argis - Sodome, 1888.djvu/208

Cette page a été validée par deux contributeurs.
192
SODOME.

Tout cela est vrai, et sans de précieuses analyses, il est permis de supposer que Jacques, à ce moment, entrevit peut-être le bonheur, dans le pis-aller qu’était cette nouvelle situation. Lui-même, plus tard, lorsqu’il retourna à son premier état d’esprit, cet homme qui devait évoluer sans cesse, pensa toujours qu’à cette époque il s’était senti soumis à une influence inexplicable, attiré vers le mariage comme vers un abîme, dans une sorte de vertige…

Quelques jours après, comme il convient, Jacques partit avec sa femme pour ce qu’on appelle le voyage de noces. Les jeunes mariés ont accoutumé d’aller ainsi cacher leur bonheur dans quelque chambre d’hôtel étranger, très peu confortable, dans un mauvais lit ; les Gouvaut n’auraient pas souffert que leur fille dérogeât à cet usage. Usage, déroger, tradition, le monde, étaient le vocabulaire habituel de gens qu’il eût été ennuyeux de peindre avec plus de détails.

Jacques alla dans un pays quelconque, en Suisse ou en Italie, ou ailleurs, et il revint à Paris. Il était toujours très heureux, du moins se le répétait-il. Il allait quelquefois dîner dans la famille de sa femme, allait au spectacle avec sa femme, et rentrait se coucher avec sa femme.