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SODOME.

Dans ce grand vide nu, le bruit des pas résonnait tristement. Parfois, comme de très loin, les cloches envoyaient leurs arpèges presque éteints. Dans une chapelle latérale très pauvre et très intime, un prêtre disait une messe basse et les rares personnes, descendues tout à l’heure de voiture, étaient là, agenouillées. Les fiancés contemplaient ce mystère de la messe, symbole de ce grand mystère que tout à l’heure ils auraient le droit, après quelques mots du prêtre, de célébrer entre eux. La femme, immobile sous son voile, pleurait peut-être, peut-être aussi, inconsciente de cet acte, s’abandonnait-elle à de vagues espérances ou à de tristes pressentiments. L’homme, abîmé dans une très ardente prière, semblait accablé d’une lourde émotion.

Le prêtre ne prononça pas une allocution, il n’adressa pas aux jeunes époux quelques paroles. Très simplement il les unit et lui-même sembla troublé par cet acte suprême de son ministère. La messe s’acheva, silencieuse, faisant entendre seulement parfois quelques répons dits un peu plus haut…

Jacques Soran était marié…

Certes, en ce moment, il aimait sa femme de toute son âme et il avait juré tout à l’heure, dans un renoncement à toutes ses erreurs passées, de