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SODOME.

vraie ou feinte et ils pourraient noter les héritiers au passage. C’est le badaud qui, à Paris, rend aux passants une foule de petits services indispensables à la vie de tous les jours : il relève les chevaux tombés, aide les fardiers à démarrer, et s’il entend crier : « Arrêtez-le ! » il empoigne le voleur au collet. Il est capable de dévouement et de cruauté : il saute aux naseaux d’un cheval emporté et se moque de bon cœur d’un amant surpris, s’évadant par une fenêtre. Pour prix de ses services, il demande simplement qu’on lui permette de fouler l’asphalte sans se presser, et de former des rassemblements quand il lui plaît. Et cependant, aujourd’hui, avec toute son habileté, le badaud eût peut-être été impuissant à analyser le mariage qui se célébrait à la petite église Saint-Séverin. Un mariage riche ? Ceux-là choisissent généralement des paroisses plus brillantes, la Madeleine ou Saint-Thomas d’Aquin : cependant, des gens « très bien » descendaient des voitures, décorés, avec l’aisance de tenir de peu loin au gouvernement.

Placés pour bien voir, les badauds commençaient leurs observations : « Voici le père de la mariée, » disaient-ils, ou bien : « Celui-là est un vieil ami de la famille. » Dans de pareilles cir-