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LE MONDE.

tement de la rue du Bac, presque oublié maintenant. Quelques personnes seulement, un jeune substitut, bon violoniste, un ancien directeur des contributions et un médecin. Mlle Berthe Gouvaut, qu’il étudia toute la soirée, lui parut « très bien ». Au physique, brune et d’une taille moyenne ; il ne jugea guère de son intelligence devant cette réserve habituelle des jeunes filles, mais il ne put nier qu’elle fût excellente pianiste.

Jacques plut sans doute beaucoup, car il fut invité à venir souvent. Son talent rare de musicien pouvait expliquer ce succès. Quand ils sortirent, l’abbé lui en dit le vrai mot : il avait parlé de lui comme d’un mari probable, et Mme Gouvaut était très satisfaite de l’impression qu’il avait produite.

Dès lors, cédant aux sollicitations de l’abbé, avec quelque confiance aussi, il fréquenta souvent chez les Gouvaut. Dans cette nouvelle période, il vécut une vie végétative et volontairement inconsciente : il ne pensait plus guère, voulant s’abstraire de son esprit si obstinément hanté par de tristes souvenirs ; certains moments, un objet quelconque, un fait futile, par une association d’idées obsédante, lui rappelait Noirchain. Il devenait triste, et se complaisait dans cette