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LE MONDE.

grande douceur, son visage triste et pur (tout n’entre-t-il pas dans les sympathies ?) lui attirèrent les bonnes grâces de la famille Gouvaut, et il fut bientôt indispensable au château où il allait quelquefois donner des leçons aux enfants au moment des vacances. Les Gouvaut, à une époque où la bourgeoisie domine, avaient de « puissantes relations », et leur protection ne fut pas inutile à l’abbé, quand il fut nommé vicaire à Paris.

L’abbé Gratien se garda bien de laisser partir Jacques ; il craignait beaucoup ses réflexions, et ne voulut pas qu’il fût seul avec ses pensées. Il le retint à déjeuner et ensuite, avec une indiscrétion aimante, il proposa une promenade aux environs de Paris. Bref, il ne le quitta pas d’un instant ; puis, quand le soir arriva, il prétexta, pour rester avec Jacques, un nouveau morceau à lire au piano, et, une fois chez lui, celui-ci, bon gré, mal gré, dut passer un habit et se laisser emmener.

— Mais, dit Jacques, je ne peux pourtant pas aller dîner chez des gens qui ne m’ont jamais vu…

— Si vous raisonnez, dit l’abbé, nous allons nous fâcher. Je dîne là tous les jeudis, et il est convenu avec Mme Gouvaut que vous venez dîner