Page:Argis - Sodome, 1888.djvu/193

Cette page a été validée par deux contributeurs.
177
LE MONDE.

me comprenez. Je crois avoir trouvé la seule solution possible à votre situation. Vous avez besoin d’affection, même les sens parlent un peu trop chez vous : la retraite, au lieu de vous sauver, a produit un effet néfaste ; au reste, vivre dans le monde sans vous marier, il n’y faut point songer.

— Mais, dit Soran, pour me marier faut-il encore que…

— Mon cher enfant, ne raisonnez pas, je vous en prie ; vous présenterez votre défense tout à l’heure. Laissez-moi vous développer entièrement mon plan. Il est si simple : Je connais beaucoup une vieille famille de la haute bourgeoisie, qui reste non loin d’ici, rue de Lille, et je dois vous y présenter : vous ne pouvez pas me refuser, je suis engagé. Vous ne vous y ennuierez pas, on y fait de très bonne musique. Vous trouverez là assez peu de monde, un monde très gris et très tranquille, et M. et Mme Gouvaut vous plairont je crois. Mais voici, j’arrive au point délicat et intéressant : Mlle Gouvaut, le sauveur auquel j’ai pensé, me paraît en tous points faite pour une si noble mission, dit l’abbé avec un peu d’emphase. L’âme est très belle, et digne de la vôtre, si belle malgré tout, mon cher Jacques. L’intelligence est non seulement su-