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SODOME.

vraisemblable de ce symbole, n’est-ce pas la pensée immortelle, un sublime effluve de la Divinité fait chair, c’est-à-dire devenant fait, du vouloir exclusif de Dieu, et cette production d’un miracle n’est-elle pas son apanage et son monopole ? Il avait voulu la réaliser, il avait été puni de son outrecuidance. Il ne pouvait en douter, les saints eux-mêmes avaient souhaité être dignes de Dieu, mériter qu’il descendît jusqu’à eux, mais non s’élever jusqu’à lui : Satan n’était-il pas un ange déchu pour n’avoir pas compris cela ? Lui, n’était pas encore damné et sa chute contenait peut-être en elle-même sa rédemption ; cette chute envoyée par Dieu comme un avertissement et comme un encouragement à l’humilité. Jusqu’où maintenant avait été la chute ?… Il ne s’arrêta pas, dans son examen de conscience, à ce moment d’égarement qui avait causé son départ de Noirchain : l’abbé Gratien l’en avait absous ; mais il était torturé par un amour terrible et qui ne pouvait être suivant Dieu : là était la vraie chute ; il était obsédé sans cesse par cet Être si semblable à lui trop semblable, hélas ! dans son identité charnelle, et il ne devait pas aimer un pareil être… Que faire alors ?

Il réfléchit longtemps, pensa que le monde était une sauvegarde bien illusoire et sa prière