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LE MONDE.

nant la possibilité de la guérison puisque son état était grave mais non désespéré — donc presque guéri. Le premier point, la préparation du malade au remède, était obtenu ; il fallait trouver maintenant ce remède : dans cette cure désespérée, l’abbé pensa que peut-être il pouvait permettre un petit mal pour obtenir un grand bien ; c’est ce qu’il avait déjà fait ; pour sauver Jacques d’un découragement mortel, il avait presque risqué de le rendre orgueilleux ; qu’importait en effet une faute vénielle comme celle-là si, seule, elle pouvait sauver Jacques d’une perte absolue ! L’abbé fit plus ; il comprit qu’il lui était permis d’employer, dans cette circonstance, des remèdes peut-être dangereux, et qu’avant tout il importait que Soran ne fût plus seul avec lui-même puisque la solitude avait failli le perdre.

— Peut-être, mon cher enfant, dit-il à Jacques, certains confesseurs, vous connaissant moins, vous auraient-ils conseillé un redoublement d’ascétisme, une exagération de la retraite ; mais l’expérience vous a été trop funeste, vous êtes tombé pour avoir voulu vous élever trop haut, Dieu vous a donné là un enseignement dont il vous faut profiter. Vous trouverez votre salut où d’autres trouvent leur perte, et ce qui pour presque tous est un danger sera