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LE MONDE.

basées seulement sur des considérations charnelles, l’une étant rendue moins grave par la différence des sexes ; c’est encore la bestialité, ce vice plutôt bête qu’horrible, variété d’onanisme tout simplement et que les théologies, dans des accès d’indignation un peu risible, trouvent le plus abominable de tous les crimes. Quelle indication précise, quel conseil un directeur de conscience pouvait-il trouver dans ces recueils sur la conduite à tenir envers un pénitent tel que Jacques Soran !

L’abbé Gratien dut réfléchir longtemps : il ne s’agissait en ce moment ni de la bestialité ni même de l’onanisme puisque ce dernier péché si bien défini n’avait été qu’un accident chez Soran, une chute rare en somme. Ce n’était pas non plus une sodomie parfaite ou imparfaite, puisque aucun acte charnel n’avait été commis : d’après les aveux de Soran, l’abbé Gratien se résumait ainsi la situation morale de son pénitent : ayant d’abord éprouvé un amour très grand mais très pur avec la volonté de le rendre légitime, Jacques avait été circonvenu par une horrible fatalité. Jusqu’au moment de cette affreuse découverte, il était exempt de toute faute. Depuis cet instant il avait dû soutenir une lutte au-dessus des forces humaines. N’était-il pas, si