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LE MONDE.

Hélas ! Jacques Soran n’était pas un saint ; il n’était plus guère pur, ni fort ; il était faible à présent, bien faible ! Comme l’athlète invaincu que terrasse en un moment la tremblante fièvre, le doute subtil et timide, le simple doute, avait effleuré cet esprit et il avait suffi pour le désorganiser et l’énerver ; du moins devait-il produire cet effet dans un cœur surtout soutenu par la foi, chez un homme trouvant sa force dans la prière et sa puissance dans la certitude de sa puissance ; ne devait-il pas en un moment devenir faible entre tous quand cette foi était ébranlée, quand cette certitude vacillait ? Un jour il avait eu cette sinistre illumination que Dieu, peut-être, l’abandonnait ; il s’exagéra la gravité d’une chute, péché mortel mais pardonnable : il douta enfin.

Aujourd’hui, il voulait vaincre ce doute !

Ô vous tous, esprits superbes qui n’avez jamais douté n’ayant jamais cru, qui n’avez jamais faibli n’ayant jamais été forts, esprits forts ! qui n’avez jamais été au-dessous de vous-même n’ayant jamais été au-dessus !

trouverez-vous ridicule ou même étrange cet homme éperdu ; trouverez-vous étrange ou même ridicule cet homme luttant contre lui-même, essayant de se reconquérir ; trouverez-vous ridicule et étrange cet homme assez