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LE MONDE.

enfant, car tout l’effet de la confession, son objet dans le dogme catholique n’est-il pas dans le seul aveu des fautes, et le confesseur ne peut-il pas se borner au rôle de simple auditeur ?

Jacques ne fut pas de cet avis ; pour lui, il fallait voir dans la confession un but moins négatif, et laisser au confesseur plus d’initiative. Que deviendraient, dans l’hypothèse de l’abbé, de malheureuses âmes sans direction, et abandonnées à elles-mêmes ? N’y a-t-il pas déjà, dans l’ordre temporel, une image de la confession ? la causerie, par exemple, n’est-elle pas presque aussi douce et aussi utile, quand on y peut puiser des conseils sincères ? » Rappelez-vous enfin, monsieur l’abbé, autrefois, à Juilly… »

Ainsi commencée, la conversation ne pouvait plus longtemps rester banale. Jacques indiqua quelques détails si compliqués de sa vie morale et, après quelque appréhension, il en éprouva un grand soulagement. Il raconta comment il avait fui un monde à peine entrevu : il dit ses idées de retraite, son impuissance et son découragement, sans en dire la cause matérielle : il dit tout, ou presque tout. Plusieurs fois, dans cet entretien, il voulut demander à l’abbé d’entendre, là, tout de suite, après le dîner, sa confession : une sotte vanité le retint.