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SODOME.

sans se tromper, c’est le prêtre riche et le prêtre pauvre, ou, plus justement, le prêtre ambitieux et intrigant, et le prêtre simple et timide. Voyez passer ce prêtre, vous connaîtrez facilement toute sa psychologie et toute sa physiologie : vous devinerez le vicaire d’une des grandes paroisses de Paris, qui en sera bientôt curé, et qui, plus tard, deviendra évêque. Étudiez sa soutane de drap fin et toujours neuve, les glands en soie de sa ceinture, le rabat soigneusement empesé, le chapeau de forme élégante ; les souliers vernis à boucles d’argent, aux talons toujours intacts. Si la soutane se relève un peu, vous entreverrez un bas noir bien tiré, et la cheville à découvert vous dira suffisamment une élégante culotte de velours s’arrêtant au genou. Soigneusement rasé, la tonsure entretenue par un barbier méticuleux, les mains blanches, de cette unique blancheur de prélat, le prêtre mondain s’avance avec une assurance et une confiance qui indique la radieuse tranquillité de l’âme. Soyez certain que, tout à l’heure, il entrera dans un bon appartement aux moelleux tapis, peut-être même orné de quelques bronzes ; le Christ, au reste, occupe la place d’honneur. N’a-t-il pas tout pour être heureux, celui qui, depuis longtemps, a imposé silence aux ques-