Page:Argis - Sodome, 1888.djvu/15

Cette page a été validée par deux contributeurs.
IX
PRÉFACE.

Vous le voyez, le livre, avant tout, est chaste et juste.

Et cependant, mon cher d’Argis, laissez-moi vous le dire, ne craignez-vous pas les reproches ? Votre Soran, en somme, est coupable, et n’avez-vous pas fait ce coupable trop sympathique ? Car il est séduisant, votre Soran : il est beau d’abord, et puis si généreux et si grand, si spontané (cela ne suffit-il pas pour être bien malheureux) ! mais ce n’est peut-être pas être innocent que d’être malheureux, et celui qui s’alanguit, qui se laisse aller, qui ne lutte pas, n’est-il pas, en quelque sorte, criminel ? Et puis, ce titre que vous lancez comme un anathème ne vous semble-t-il pas audacieux ?

Voilà ce que l’on vous dira ; mais, moi qui suis votre ami, je vous dis : Votre roman, j’allais dire votre poème, est bon puisqu’il est humain et sévère, après tout, comme la science, et droit et direct, dans le tâtonnement d’un tel début, comme votre