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LE MONDE.

vieillard, respectueusement, et il l’entendit murmurer : Malheureux enfant !

Il rentra à Noirchain. La maison lui parut laide, le parc où il voulut se promener un peu pour concentrer ses pensées lui sembla horrible ; il revit le petit réduit où ils avaient causé ensemble, et cette vue lui fut une torture affreuse. Il ouvrit le piano, et joua les premières mesures de la Sonate… mais ses doigts se crispèrent, son cœur se serra, et il s’enfuit éperdu.

Sa vie était finie, maintenant ; pourquoi vivrait-il ? L’existence lui souriait lorsqu’il ne soupçonnait pas l’amour : elle lui apparut radieuse lorsqu’il le connut ; elle lui était maintenant un supplice, à cause de cet amour même. Il aimait et son amour puisait une force terrible dans son impossibilité. Pourquoi rester ici maintenant, quand tout y était douleur et tristes souvenirs ! Pouvait-il vivre seul, quand son cœur ne pouvait trouver la solitude ; pouvait-il vivre dans la solitude quand son esprit n’était plus seul ! Chercher un refuge dans la religion ? il ne pouvait plus prier ! dans la mort ? il était encore trop religieux ! une seule chose : fuir et espérer.

Deux jours après, Jacques était à Paris. Il rappela ses souvenirs et se mit à la recherche