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SODOME.

— Non, c’est inutile : je reviendrai.

Un portier si convenable était, cela ne pouvait faire de doute, un vieux serviteur. À ses jambes alourdies par le manque de promenades et déformées par des ascensions multiples dans les escaliers, à sa tête de même teinte que la muraille comme s’il se faisait une attraction entre des couleurs depuis longtemps voisines ; à ses réponses polies enfin, on reconnaissait là le vieux concierge, le bon concierge d’autrefois, quand il y en avait très peu. Aujourd’hui que chaque maison est une cité, comprenant une administration, gérant, architecte, etc., le concierge est devenu un fonctionnaire presque inamovible, puissant, et qu’il fait bon ménager si l’on n’a pas un loyer supérieur à mille francs. Car quel propriétaire hésitera jamais à donner congé à un locataire mécontent quand les petits appartements se louent si facilement, et qu’un bon concierge est chose si rare ? Le concierge le sait, et le fait durement sentir à ses subordonnés si ceux-ci n’ont pas la présence d’esprit de le saluer convenablement en passant devant sa loge, ou le talent, dès le début, de le prendre de très haut.

Alors commence, pour le malheureux petit locataire, la série des vexations que tient à sa