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SODOME.

— Pourquoi lutter contre la Fatalité ?

Alors il éclata : tout ce qu’il avait eu de délicatesse, même dans ses plus mauvais moments, disparut à ce mot. Subitement, dans un accès d’amour brutal et de curiosité malsaine, il ne se contint plus ; il en avait assez de la lutte et de la vertu !

— Que m’importe, dit-il, de perdre votre estime puisque j’ai perdu la mienne ? Que m’importent les serments ? et, si je n’ai plus rien, ni volonté, ni religion, ni chasteté même, que chercherais-je à me faire illusion ?

Et, soudain, dans une douceur infinie, il supplia, la caressant de paroles : « Oh ! pardonnez-moi, mais j’ai voulu être trop fort ; et si j’ai toujours été sincère, même en faisant ce serment que vous avez exigé, ne dois-je pas, maintenant, vous avouer mon impuissance ? Pourquoi m’avoir imposé une tâche surhumaine ? Pourquoi enfin, puisque vous êtes si belle et que vous m’aimez, car vous m’aimez… Et, en disant cela, il voulut concentrer sa volonté dans un effort suprême pour la dominer et triompher enfin !…

Il n’avait plus de volonté !

Il sentit son impuissance, et que tout était inutile… Il se serra contre Elle, l’embrassant de ses bras souples et charmeurs.