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LA RETRAITE.

pas trop loin cependant, puisqu’Elle était si près.

Malgré lui, du reste, bien malgré lui, car il ne pouvait se transformer tout d’un coup, il commençait à trouver un peu vaine cette religion qui l’avait abandonné au moment où il en avait eu le plus grand besoin. Ce n’était pas le doute encore, mais il pouvait craindre que ce n’en fût le commencement, car la diminution dans la confiance n’amène-t-elle pas rapidement l’incrédulité et la négation ?

Et alors, comme conclusion, puisque ces deux soutiens menaçaient ruine, la volonté et la piété, la chasteté ne devait-elle pas s’écrouler aussi ? Il dut se l’avouer et il ne fut plus fier de lui-même. Cela commença très vaguement, très insinueusement. Le danger ne se montra pas tout d’abord, il en soupçonna seulement la possibilité : cela suffisait, et dès ce jour-là, il fut condamné. N’est-ce pas là l’explication peut-être impatiemment attendue de tant d’incohérences dans cette trébuchante psychologie ? Les tentations directes se dressèrent bientôt quand il vit le bonheur qu’il avait pu espérer un instant, lui échapper mystérieusement. Alors il lutta. Ç’avait été, un moment, le désir de quitter cette retraite et de fuir, renonçant à résoudre le problème qu’elle imposait involontairement, obstinément