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SODOME.

d’art, on plaisantait même, pour détourner ses idées de leur triste cours.

Jacques espérait dans le temps. Après bien des hésitations et des « pourquoi », il pensait que, sans doute, elle voulait lui faire subir une épreuve, dans sa liberté de femme sûre d’elle-même, et que peut-être, un jour, elle le délivrerait de son serment. En tout cas, maintenant, la solitude lui pesait, et, comme un amant malheureux, lorsqu’il la quittait et rentrait au château, il se sentait près d’éclater en sanglots et il attendait le lendemain avec une impatience de fiévreux.

Souvent, elle venait à Noirchain, et, sur le divan, dans le petit kiosque, pendant qu’elle s’abandonnait au piano dans quelque troublante improvisation, Jacques retrouvait ses premières impressions et se sentait plus que jamais amoureux.

Ah ! Soran, vous avez voulu être trop fort ! La nature en dehors de laquelle vous avez vécu dans une artificielle indépendance, vous fait sentir sa représaille, et sa représaille est cruelle ; comme ce monde que vous trouviez si ridicule rirait bien s’il vous voyait ainsi amoureux et au-dessous de vous-même, au-dessous du vous-même de jadis ! Vous avez oublié qu’avant d’être