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LA RETRAITE.

entrevue) de deux cœurs ayant besoin de se compléter l’un par l’autre.

— Et alors, ajouta Jacques, vous vivez ainsi seule ?

— Non, du moins à l’ordinaire ; mon père habite avec moi ; en ce moment il est en voyage.

— Mais, dans ce cas, je suis peut-être imprudent et gênant… Si votre père apprenait…

Vivement elle l’interrompit et (pourquoi ?) amèrement : « Oh ! mon père a en moi une confiance aveugle. »

Jacques fut presque peiné d’être trouvé si peu dangereux ; puis, avec cette facilité que l’on a de tout ramener à son propre bonheur quand on se sent heureux, il pensa que cela concordait sans doute avec ses projets.

— Vous vous ennuyez en ce moment ; me permettrez-vous de venir quelquefois ici ? Nous causerons. Même, me feriez-vous la grâce de venir faire un peu de musique à Noirchain ?

Elle réfléchit, ou eut-elle l’air de réfléchir ?

— Sans doute, répondit-elle, j’accepte.