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SODOME.

platoniquement, aimé d’amour, mais non d’amitié, car l’amitié peut-elle être entre l’homme et la femme ? et, même alors, quelle femme en serait digne ?

Il pensait que l’amour, mouvement de l’âme trop « indiqué » et trop habituel était à un niveau bien inférieur, trop de sens y entrant, avec une fin au résumé peu intéressante, une procréation embêtante et due, et il lui fallait autre chose !

D’abord, dans la première étape de ce voyage de son esprit, de cette ascension toujours plus haut de son cœur, au moment où, jeune encore, sous l’influence de l’atavisme maternel il avait besoin d’aimer d’amour, il pensa, dans un dualisme divin, trouver l’amitié à côté, dans un miraculeux voisinage : la femme pour l’amour, pour le corps, pour les sens ; et, parallèlement, pour le corps et pour l’esprit, en une sublime union, une sodomie, pourquoi pas ? si chaste et si noble, un homme comme lui avec les mêmes aspirations, et, tous deux, s’élever à la perfection, cheminer la main dans la main, pendant que la femme, intérimaire et provisoire, attendrait pour disparaître et s’effacer qu’il eût acquis une chasteté du cœur et des sens la rendant désormais inutile.