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SODOME.

En ce moment il fut bien heureux.

La conversation continua sur ce ton de léger badinage, Jacques avec des dispositions moins gaies, se mettant au diapason de son interlocutrice.

On parla de peinture, naturellement, et puis de musique, et puis de tout enfin.

Jacques fut émerveillé.

Tour à tour spirituelle et profonde, gaie et triste, bonne et sévère, elle montra à Soran ravi une sublime organisation, celle peut-être qu’il avait souhaitée pour cette âme compagne dont il avait besoin autrefois, et dont maintenant, l’ayant entrevue, il ne saurait plus se passer.

Le tableau presque achevé qu’ils avaient sous les yeux fut d’abord un thème à des professions de foi, ardentes mais réfléchies. Jacques y retrouvait avec un substratum d’exactitude parfaite et de parfaite vérité la nature nue et sévère de cette partie du pays, mais combien intellectuelle et suggestive !

Ils parlèrent longtemps ainsi, non avec la pédanterie odieuse d’artistes voulant s’étonner, mais avec l’abandon (déjà dans cette première entrevue) de deux cœurs ayant besoin de se compléter l’un par l’autre.

Car, quel monstre plus horrible que la femme