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LA RETRAITE.

Le soir, il n’essaya même plus de lutter et il la revit.

Il alla droit à elle, se découvrit et lui dit :

— Je vous en supplie, madame, pardonnez-moi la façon grossière dont je vous ai quittée il y a huit jours ; j’en étais si confus qu’aujourd’hui seulement j’ai trouvé la force de venir vous présenter mes excuses…

En parlant ainsi, Soran se faisait si petit garçon qu’il ne pouvait être trop mal reçu. Comme elle tardait à répondre, il eut une idée d’une profonde rouerie qui l’étonna lui-même. Il dit : « Cela était d’autant plus maladroit à moi que vous êtes peut-être de passage dans le pays et que j’ai failli rendre mon inconvenance irréparable. »

L’attaque était directe ; la réponse fut habile.

— Vous étiez tout excusé, monsieur, entre artistes on n’est pas si sévère.

Jacques eut un mouvement de dépit : elle n’avait pas donné dans le piège : il ne saurait donc rien !

Avec assez de présence d’esprit, il reprit :

— Vous dites entre artistes : vous m’honorez là, madame, bien imprudemment, peut-être…

— Me serais-je trompée, monsieur ? dans ce cas, ce serait mon tour de vous faire des excuses ? Mais, je ne sais pourquoi, je ne le pense pas…