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SODOME.

À ce moment de ses réflexions, son esprit devenait très trouble, car enfin elle était entrée dans sa vie, il ne pouvait le nier, et, dans cette hypothèse, que deviendrait-il ? Le plus simple n’était-il pas d’oublier ce jour et de continuer à vivre dans le calme en remplissant le programme qu’il s’était tracé.

Il le put pendant une semaine ; même, un surcroît de dévotion vint le soutenir, et le travail. En ce moment il se plongeait dans l’étude abstruse des cabalistes : la recommandation, clef de voûte de tous les rituels, de se défendre de toute influence extérieure, l’avait un temps décidé à ne pas la revoir et il en eut d’abord la force.

Un matin, la fantaisie lui prit de sortir ; il se dirigea d’un côté tout opposé à sa dernière promenade ; oh ! il était bien loin de désirer la rencontrer, et il se le prouvait ainsi à lui-même.

En revenant, pour marcher un peu, c’est du moins ce qu’il pensa, oubliant que son parc avait dix-huit hectares, il fit un détour… Elle n’était certainement pas là, à cette heure matinale, il n’avait donc rien à se reprocher.

Il ne la vit pas en effet.

Il s’aperçut alors qu’il était plus triste et, se prenant ainsi en flagrant délit de supercherie contre lui-même, il en eut un peu de honte.