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LA RETRAITE.

et vous le voudrez sans doute puisque, dédaigneuse des paysages coquets et jolis, vous peignez une nature si triste… »

Et puis alors, il trouva cela encore bien plus absurde ; il se demanda s’il pensait jouer un personnage de roman, et il songea que son grand corps, précipité à côté du chevalet, serait un spectacle très risible…

Il ne pouvait donc sortir de cette situation, il en prit son parti, fit le sacrifice de sa vanité, s’efforça de ne plus se voir ni s’entendre, et se dit qu’après tout, il n’y avait pas là de témoins de son embarras, et que pour elle, il saurait bien, s’il réussissait, lui expliquer plus tard la banalité sous laquelle il avait été entrevu…

Il voulait donc réussir, mais à quoi ?

Toutes ces réflexions furent plus sommaires pendant le petit temps qui s’écoula après qu’elle eut parlé…

À son tour maintenant ; il ne trouva pas mieux que ceci :

— Ce pays n’est pourtant guère intéressant pour un artiste.

Elle eut l’air étonné.

— Je l’aime ainsi, dit-elle, cette vaste plaine très dénudée me parle beaucoup.

Il se gourmanda et s’en voulut grandement. Il