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SODOME.

et quel candide cynisme quand elle l’envoyait séduire Booz ; le profane, le lecteur non initié au merveilleux symbolisme de la Bible, est sans doute choqué de ce cru proxénétisme ; pour lui, au contraire comme un suave parfum s’élevait de cette simple histoire ! Mais il y trouvait un enseignement, une leçon contre lui-même : le scribe sacré ne voulait-il pas sanctifier le « Croissez et multipliez ! » de la Genèse ; le respect dont la Bible entoure cet acte si vulgaire de la génération, comme déjà dans l’histoire de Sarah, n’était-il pas un exemple pour lui ? devait-il attendre, comme un autre Booz, qu’une nouvelle Ruth vînt le trouver ? Et ces pensées, très saines en somme, dégénéraient bientôt en une troublante excitation ; même, des sensations charnelles se dressaient en lui ; alors, il s’enfuyait dans la campagne.

Ce jour-là, un jour serein d’automne, il sortit par la petite porte dans le fond du parc ; il allait, perdu dans des pensées hésitantes et vacillantes, et il regrettait presque de retrouver là l’absolue tranquillité de son parc, sans le moindre bruit pouvant le distraire de lui-même et le protéger contre des tentations se précisant maintenant honteusement.

Il marchait en jetant autour de lui des regards