Page:Argens - Thérèse philosophe (Enfer-402), 1748.djvu/99

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
77
Philosophe.

çon ſur la tendreſſe mutuelle qui les uniſſoit. Bientôt je n’eûs plus rien à deſirer, comme vous allez l’entendre.

Vous verrez, mon cher Comte, quelle eſt la ſource d’où j’ai puiſé les principes de Morale & de Métaphyſique que vous avez ſi bien cultivés, & qui, en m’éclairant ſur ce que nous ſommes dans ce monde, comme ſur ce que nous avons à craindre de l’autre, aſſurent la tranquillité d’une vie dont vous faites tout le plaiſir.

Nous étions alors dans les plus beaux jours de l’Eté. Madame C… ſe levoit ordinairement vers les cinq heures du matin, pour aller ſe promener dans un petit boſquet au bout de ſon jardin. J’avois remarqué que l’Abbé T… s’y rendoit auſſi lorſqu’il couchoit à la Campagne ; qu’au bout d’une heure ou deux ils rentroient enſemble dans l’appartement où couchoit Madame C… & qu’enfin l’un & l’autre ne paroiſſoient enſuite dans la maiſon que vers les huit à neuf heures.

Je réſolus de les prévenir dans le boſquet