Page:Argens - Thérèse philosophe (Enfer-402), 1748.djvu/50

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
32
Thérèse

„ vous ne les ſentirez pas. Voyez ce Chaſſeur ; l’imagination remplie du plaiſir de forcer le gibier qu’il pourſuit, il ne ſent ni les ronces, ni les épines, dont il eſt déchiré en perçant les forêts. Plus foible que lui, dans une objet mille fois plus intéreſſant, ſentirez-vous de foibles coups de diſcipline, ſi votre ame eſt fermement occupée du bonheur qui vous attend ? Telle eſt la pierre de touche qui nous conduit à faire des miracles ; tel doit être l’état de perfection qui nous unit à Dieu. Nous allons commencer, ma chere fille : rempliſſez bien vos devoirs, & ſoyez ſûre qu’avec l’aide du cordon de ſaint François, & votre méditation, ce pieux exercice, finira par un torrent de délices inexprimables. Mettez-vous à genoux, mon enfant, & découvrez ces parties de la chair qui ſont les motifs de colere de Dieu : la mortification qu’elles éprouveront, unira intimement votre eſprit à lui. Je vous le répete, oubliez-vous & laiſſez faire."