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Thérèse

j’admirois l’attitude brillante du Dieu Mars le feu dont ſes yeux, & ſurtout ſa lance paroiſſoient être animés, paſſa dans mon cœur. Je me coulois ſur les draps, mes feſſes s’agittoient voluptueuſement, comme pour porter en avant la couronne deſtinée au vainqueur. Quoi ! m’écriai-je, les Divinités même font leur bonheur d’un bien que je refuſe ! Ah ! cher amant, je n’y réſiſte plus. Parois, Comte, je ne crains point ton dard : tu peux percer ton amante ; tu peux même choiſir où tu voudras frapper, tout m’eſt égal, je ſouffrirai tes coups avec conſtance, ſans murmurer : & pour aſſurer ton triomphe, tiens ! Voilà mon doigt placé.

Quelle ſurpriſe ! quel heureux moment ! Vous parûtes tout à coup, plus fier, plus brillant que Mars ne l’étoit dans le tableau. Une légere robe de chambre qui vous couvroit fut arrachée. J’ai eu trop de délicateſſe, me dites-vous, pour profiter du premier avantage que tu m’as donné : j’étois à ta porte d’où j’ai tout vû, tout en-