Page:Argens - Thérèse philosophe (Enfer-402), 1748.djvu/240

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
60
Thérèse

pendant un an, pourvu que vous vous engagiez de reſter pendant quinze jours ſans porter même la main à cette partie, qui en bonne juſtice devroit bien être aujourd’hui de mon domaine, & que vous faſſiez ſincerement divorce au manuéliſme. Point de quartier, ajoutâtes-vous, il eſt juſte que chacun mette un peu de complaiſance dans le commerce. J’ai de bonnes raiſons pour exiger celle-ci de vous : optez ; ſans cet arrangement, point de livres, point de tableaux.

J’héſitai peu, je fis vœu de continence pour quinze jours. Ce n’eſt pas tout, me dites-vous encore ; impoſons-nous des conditions réciproques : il n’eſt pas équitable que vous faſſiez un pareil ſacrifice pour la vûë de ces tableaux ou pour une lecture momentanée. Faiſons une gageure, que vous gagnerez ſans doute. Je parie ma Bibliothéque & mes Tableaux, contre votre Pucelage, que vous n’obſerverez pas la continence pendant quinze jours, ainſi que vous le promettez. En vérité, Monſieur,