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Philosophe.

niere, d’avoir telle ou telle volonté, que nous ſommes les maîtres d’avoir ou de ne pas avoir la fiévre. En effet, ajoutiez-vous, nous voyons, par des obſervations claires & ſimples, que l’ame n’eſt maîtreſſe de rien, qu’elle n’agit qu’en conſéquence des ſenſations & des facultés du corps ; que les cauſes qui peuvent produire du dérangement dans les organes, troublent l’ame ; alterent l’eſprit ; qu’un vaiſſeau, une fibre dérangés dans le cerveau, peuvent rendre imbécille l’homme du monde qui a le plus d’intelligence. Nous ſçavons que la nature n’agit que par les voies les plus ſimples, que par un principe uniforme. Or, puiſqu’il eſt évident que nous ne ſommes pas libres dans de certaines actions, nous ne le ſommes dans aucunes.

Ajoutons à cela que ſi les armes étoient purement ſpirituelles, elles ſeroient toutes les mêmes. Etant toutes les mêmes, ſi elles avoient la faculté de penſer & de vouloir par elles-mêmes, elles penſeroient & ſe détermineroient toutes de la même ma-