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Thérèse

tout naturellement que vous m’aviez paru déſirer de ſçavoir quelle eſpece d’affaire m’avoit conduite & me retenoit à Paris ; & je convins que vos procédés m’avoient inſpiré tant de confiance, que je n’avois pas héſité à vous informer de preſque toute l’hiſtoire de ma vie, & de l’état de ma ſituation actuelle. Je continuai de lui dire que vous m’aviez paru touché de mon état, & que vous m’aviez fait entendre que par la ſuite vous pourriez me donner des preuves des ſentimens que je vous avois inſpirés. Tu ne connois pas les hommes, reprit la Bois-Laurier, la plûpart ne ſont que des ſéducteurs & des trompeurs, qui, après avoir abuſé de la crédulité d’une fille, l’abandonnent à ſon malheureux ſort. Ce n’eſt pas que j’aie cette idée du caractere du Comte perſonnellement ; au contraire, tout annonce en lui l’homme qui penſe, l’honnête-homme, qui eſt tel par raiſon, par goût & ſans préjugés.

Après quelqu’autres diſcours de la Bois-Laurier, qui viſoient à me ſervir de leçons,