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Thérèse

na à ma mere une bourſe dans laquelle il lui dit qu’elle trouveroit les cent louis d’or promis ; & après m’avoir honoré d’un baiſer ſur la jouë, il m’annonça qu’il auroit ſoin que rien ne me manquât, pourvu que je fuſſe ſage ; & qu’il me ſeroit avertir lorſqu’il auroit beſoin de moi.

Dès que nous fûmes rentrées au logis ma mere & moi, continua Madame Bois-Laurier, je fis d’auſſi ſérieuſes réflexions ſur ce que j’avois appris & vû depuis vingt-quatre heures, que celles que vous fîtes enſuite de la fuſtigation de Madelle.. Eradice par le Pere Dirrag. Je me rappellois tout ce qui s’étoit dit & fait dans la maiſon de Madame Lefort depuis mon enfance, & je raſſemblois mes idées pour en tirer quelque concluſion raiſonnable, lorſque ma mere entra & mit fin à mes rêveries. Je n’ai plus rien à te cacher, ma cher Manon, me dit-elle en m’embraſſant, puiſque te voilà aſſociée aux devoirs d’un métier que j’exerce avec quelque diſtinction depuis vingt ans. Ecoute-donc attentivement ce