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Philosophe.

&c. Car dire que l’homme veut une choſe parce qu’il la veut, c’eſt ne rien dire, c’eſt ſuppoſer que le néant produit un effet. Il eſt évident que c’eſt un motif, une raiſon qui le détermine à vouloir cette choſe : & de raiſons en raiſons, qui ſont déterminées les unes par les autres, la volonté de l’homme eſt invinciblement néceſſitée de faire telles & telles actions, pendant tout le cours de ſa vie, dont la fin eſt celle du coup de dez.

Aimons Dieu, non pas qu’il l’exige de nous, mais parce qu’il eſt ſouverainement bon ; & ne craignons que les hommes & leur loix. Reſpectons ces loix, parce qu’elles ſont néceſſaires au bien public, dont chacun de nous fait partie.

Voilà, Madame, ajouta l’Abbé T… ce que mon amitié pour vous m’a arraché ſur le chapitre des Réligions. C’eſt le fruit de vingt années de travail, de veilles & de méditations, pendant leſquelles j’ai cherché de bonne foi à diſtinguer la vérité du menſonge.