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Thérèse

ces ſervices ne détruiſent pas quelques branches de la ſociété établie : c’eſt ce dernier point qui doit diriger nos actions. En conſervant, dans ce que nous faiſons, dans notre état, nous rempliſſons tous nos devoirs ; le reſte n’eſt que chimere, qu’illuſion, que préjugés.

Toutes les Réligions, ſans en excepter aucune, ſont l’ouvrages des hommes ; il n’y en a point qui n’ait eu ſes martyrs, ſes prétendus miracles. Que prouvent de plus les nôtres, que ceux des autres Réligions.

Les Réligions ont d’abord été établies par la crainte : le tonnerre, les orages, les vents, la grêle, détruiſoient les fruits, les grains qui nourriſſoient les premiers hommes répandus ſur la ſurface de la Terre. Leur impuiſſance à parer ces événemens, les obligea à avoir recours aux prieres envers ce qu’ils reconnoiſſoient être plus puiſſant qu’eux, & qu’ils croyoient diſpoſé à les tourmenter. Par la ſuite, des hommes ambitieux, de vaſtes génies, de grands politiques, nés dans différends ſié-