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Thérèse

Je crois, Madame, ajouta l’Abbé, que vous ſentez préſentement ce que l’on doit entendre par le mot de Nature. Je me propoſe de vous entretenir demain matin de l’idée qu’on doit avoir des Réligions. C’eſt une matiere importante à notre bonheur ; mais il eſt trop tard pour l’entamer aujourd’hui. Je ſens que j’ai beſoin d’aller prendre mon Chocolat. Je le veux, dit Madame C… en ſe levant : Monſieur le Philoſophe a ſans doute beſoin d’une réparation phyſique pour les pertes libidineuſes que je lui ai fait faire : cela eſt bien juſte, continua-t-elle : vous avez fait & vous avez dit des choſes admirables : rien de mieux que vos obſervations ſur la Nature ; mais trouvez bon que je doute fort que vous puiſſiez me faire voir auſſi clair ſur le chapitre des Réligions, que vous avez touché diverſes fois avec beaucoup moins de ſuccès. Comment donner en effet des démonſtrations dans une matiere auſſi abſtraite, & où tout eſt article de foi ? C’eſt ce que nous verrons demain, répondit l’Abbé.