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Thérèse

Divinité ; que tout ce qui s’appelle bien ou mal moral, n’eſt que relatif à l’intérêt des ſociétés établies parmi les hommes, mais relatif à Dieu, par la volonté duquel nous agiſſons néceſſairement d’après les premieres loix, d’après les premiers principes du mouvement qu’il a établi dans tout ce qui exiſte ? Un homme vole, il fait du bien par rapport à lui, du mal par ſon infraction à l’établiſſement de la ſociété, mais rien par rapport à Dieu. Cependant je conviens que cet homme doit être puni, quoiqu’il ait agi néceſſairement, quoique je ſois convaincu, qu’il n’a pas été libre de commettre ou de ne pas commettre ſon crime ; mais il doit l’être parce que la punition d’un homme qui trouble l’ordre établi, fait mécaniquement par la voie des ſens, des impreſſions ſur l’ame qui empêchent les méchans de riſquer ce qui pourroit leur faire mériter la même punition, & que la peine que ſubit ce malheureux pour ſon infraction, doit contribuer au bonheur général, qui eſt préférable dans