Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 6.djvu/334

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bruits d’assassinats qui avaient circulé, il dit à Gérin qu’il ne pouvait participer à une insurrection où les chefs n’étaient pas respectés, puisque déjà le général Vaval avait été sacrifié. Pour toute réponse à ce reproche, Gérin fît appeler Vaval qui vint de sa personne prouver le contraire et engager Yayou à se joindre à eux. Ebranlé par cette conviction, Yayou leur répondit alors qu’il n’en ferait rien sans avoir vu préalablement le général Pétion qu’il attendait. Il rentra au Petit-Goave avec les officiers qui l’escortaient, et Gérin fît avancer ses troupes, Lamarre ayant dit à Quique de rentrer en ville avec son bataillon. Les soldats du Sud y pénétrèrent aussitôt et achevèrent l’œuvre de fusion, en gagnant ceux de la 21e et de la 24e.

En quittant Gérin, Yayou ne s’arrêta pas au Petit-Goave ; il alla au-devant de Pétion qu’il rencontra endeçà du Tapion.

Lorsque Pétion reçut la nouvelle des événemens du Sud, il adressa une lettre à Dessalines pour l’en informer, en lui disant qu’il donnait ses ordres pour la réunion de toutes les troupes de sa division, afin de se porter à leur tête au Pont-de-Miragoane ou dans le Sud, s’il le fallait. ![1]

  1. Voici la réponse de Dessalines :

    Au palais impérial de Dessalines, le 13 octobre 1806, etc.

    Jacques, Empereur Ier d’Haïti, etc., au général Pétion.

    Votre exprès, général, arrive à l’instant, 11 heures ; je l’expédie de suite.

    Vous prendrez la quantité de troupes nécessaire dans votre division, et vous vous rendrez sans délai aux Cayes ; la rendu, vous agirez avec toute la vigueur possible contre les rebelles qui seront armés : cultivateurs, soldats, etc. Si la rébellion est dissipée, vous arrêterez tous les officiers de tous grades de la 13e qui ont demandé de l’argent. Vous ferez de même de tous les officiers des autres corps, s’ils se sont trouvés dans ce cas. Vous n’épargnerez personne. Vous ferez arrêter les chefs des rebelles parmi les cultivateurs : la moindre résistance doit être punie par des coups de fusil.

    Signé : Dessalines
    .

    Hist. d’Haïti, t. 3, p. 478.