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mécontentement de la part des généraux. Que devaient penser ces derniers, en recevant l’injonction de signer cet acte, sans délibération entre eux, et à plus forte raison ceux qui ne furent pas admis à l’honneur de le signer, mais dont les noms furent portés dans l’imprimé ?

Le paragraphe relatif au refus constant et obstiné de Dessaîines, d’accepter une puissance dont le titre d’Empereur serait l’expression, était une fausse assertion que démentait la dictature dont il était revêtu depuis l’acte du 1er janvier, puisqu’il avait le droit de faire des lois, de déclarer la guerre, de faire la paix et de choisir et de nommer son successeur, et qu’il était lui-même nommé à vie, que les généraux avaient déclaré que son autorité était la seule qu’ils reconnaîtraient.

Le fait est, qu’on voulait paraître n’avoir pas imité ce qui se passa en France ; mais on a eu beau faire, on en a donné la preuve dans cet acte, en parlant d’une sanction par le peuple, de la convocation d’un sénat (qui n’existait pas), afin de rendre un décret qui eût exécuté la volonté populaire. N’était-ce pas ainsi qu’on avait, ou à peu près, procédé en France ? Ce sénat ne pouvait être que l’assemblée des généraux, conseillers d’État.

Aussi, adopta-t-on dans ces vues une idée bizarre : c’était de supposer les généraux réunis au Port-au-Prince, le 25 janvier, d’antidater ainsi l’acte rédigé au mois d’août. Or, le gouverneur général était bien dans cette ville à la fin de janvier ; mais en quittant les Gonaïves, les généraux étaient retournés à leurs commandemens respectifs.

Enfin, l’acte rédigé à Marchand, envoyé dans les départemens, y retourna à la fin du mois d’août revêtu des signatures, comme le gouverneur général l’avait ordonné.