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la politique : celle-ci fut le seul motif de son élévation, et elle fut aussi la raison déterminante du renvoi de l’agent, Sonthonax était, au mois d’août 1797, à bout de ressources financières pour entretenir l’armée de T. Louverture ; il avait épuisé ses moyens politiques et administratifs ; il n’était plus d’aucune utilité pour la colonie ; sa place, désormais, était son siège au corps législatif où il pourrait servir et défendre la cause de la liberté générale des noirs, qu’il eut l’honneur de proclamer le premier : cette cause avait alors une ennemie puissante dans la faction coloniale, qui s’agitait en France pour porter la législature et le gouvernement de la métropole à revenir sur cette grande mesure humanitaire. Quant aux moyens employés par T. Louverture pour forcer Sonthonax à s’éloigner, ils étaient tellement dans sa nature toute hypocrite et machiavélique, qu’on ne doit pas s’en étonner : attendre ou exiger autrement de lui, ce serait en quelque sorte être injuste à son égard.


Nous venons de faire la part de T. Louverture ; faisons, celle de J, Raymond ; car Pascal, pour nous, n’a pas été un homme responsable, malgré le concours qu’il a prêté en cette occasion, par son influence sur Raymond.

Ce dernier agit-il selon le devoir que lui prescrivait l’honneur, selon même son devoir politique ? Nous le trouvons inexcusable sous ces deux rapports.

En venant à Saint-Domingue prêter son appui à la politique du Directoire exécutif et de Sonthonax contre les hommes de couleur, il a perdu à nos yeux tout le mérite qu’il s’était acquis par ses nombreux écrits et par ses démarches en faveur des réclamations de droits faites par cette classe. En y restant, il n’a été visiblement déterminé que par un