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dit que la fusillade de la légion était appuyée par l’artillerie ; Malenfant dit aussi que Montbrun fît canonner les soldats d’Artois : cette artillerie était celle de la légion, commandée par Pétion.

D’après les mêmes narrations, par suite du consentement donné, forcément il est vrai, par Sonthonax à l’embarquement de Desfourneaux et de sa troupe, « le commissaire fut ramené au palais du gouvernement par Montbrun ; en y retournant, il déclara qu’il n’était plus commissaire, puisqu’on avait méconnu son autorité ; Montbrun exigea encore la remise des forts à la légion de l’Égalité ; enfin, l’abandon du fort l’Ilet causa les plus grandes alarmes dans la marine du commerce qui l’avait gardé jusqu’alors… » Ce fort, en effet, fut aussitôt confié par Montbrun, au commandement de Pétion : nouvelle preuve que ce dernier marchait avec lui.

Sonthonax s’empressa de conseiller les blancs et leurs familles, de se retirer du Port-au-Prince où il ne pensait pas pouvoir les protéger. Il paraît que ceux qui étaient en prison furent élargis par ses ordres, au moment où il se rendait au fort Sainte-Claire. On ne peut que l’approuver pour de telles dispositions : il devait craindre qu’ils seraient égorgés dans cette prison.

La plupart de ces malheureux se rendirent à Léogane où ils subirent des outrages de la part des habitans de cette ville : conduite infâme, s’il en fut jamais ! Les Anglais exigèrent que les hommes s’enrôlassent sous leurs drapeaux ; et ceux qui s’y refusèrent, furent envoyés sur les pontons de la Jamaïque. Comment peindre un tel oubli de tous les droits qu’avaient ces réfugiés, à leur considération et à leur pitié ?