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au moment où Rigaud partait pour les Cayes. Au commandement de cette armée se joignit bientôt celui des communes du Petit-Trou, de l’Anse-à-Veau et de Saint-Michel, réunies et formant l’arrondissement de l’Ouest. Doyon s’y distingua non-seulement comme militaire, mais encore comme administrateur ; ses qualités personnelles le firent chérir et respecter de ses subordonnés et des habitans. Il maintint dans son commandement l’influence que Jourdain avait établie en faveur des hommes de couleur.


Rendu aux Cayes, Rigaud y trouva Delpech qui, secrétaire de la commission civile, avait été envoyé dans ce chef-lieu de la province du Sud, en qualité d’ordonnateur, pendant que les commissaires étaient au Port-au-Prince. Delpech venait de recevoir sa nomination de commissaire civil.

Avant leur proclamation du 25 juillet qui appelait les noirs du Sud, déclarés libres par cet acte, à faire partie de la légion qui y serait formée, à l’instar de celle de l’Ouest, Polvérel et Sonthonax avaient donné l’ordre à Rigaud de commencer la formation de celle du Sud, également dénommée Légion de l’Égalité. Ce corps qui reçut dans ses rangs des blancs, des mulâtres et des noirs, porta ombrage aux colons des Cayes. Ils virent dans ces forces créées comme organisation militaire, un moyen de comprimer leur projet d’indépendance. L’arrivée de Rigaud aux Cayes leur déplut extrêmement : il allait servir de point d’appui à Delpech.

Ce commissaire civil, en apprenant la révolte de Galbaud au Cap, avait rendu une proclamation, le 1er juillet, pour soutenir ses collègues dans leurs mesures de con-