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et les blancs du Cap avaient faite aux commissaires civils, ceux-ci, une fois rendus au camp Breda, avisèrent aux moyens de se créer des défenseurs. Là même, suivant le compte qu’ils rendirent à la convention, le 10 juillet, des troupes d’esclaves insurgés vinrent au devant d’eux, leur demandant de servir la République : ces hommes étaient ceux des bandes conduites par Pierrot, Macaya et Goa. Il est à remarquer que quelques jours après avoir publié leur proclamation du 5 mai, sur la police des ateliers, le 12 dudit mois, ils avaient écrit à Laveaux d’entrer en négociations avec les chefs des révoltés, pour tâcher de les gagner à la République. La facilité avec laquelle ce premier succès eut lieu, semble prouver que ce succès eût été plus important, s’ils n’avaient pas fait la faute que nous leur reprochons, de reproduire dans cette proclamation les peines atroces empruntées aux ordonnances des rois de France. Il est à présumer que cet acte, imprimé en français et en langage créole, servit beaucoup aux agens espagnols à détourner les noirs du Nord de se soumettre aux commissaires civils.

Quoi qu’il en soit, voyant les dispositions de ceux qui s’étaient déjà soumis, ils rendirent la proclamation suivante, datée du 21 juin 1793 :

Déclarons que la volonté de la République française et celle de ses délégués est de donner la liberté à tous les nègres guerriers qui combattront pour la République, sous les ordres des commissaires civils, tant contre les Espagnols que contre les autres ennemis, soit de l’intérieur, soit de l’extérieur.

La République, les commissaires civils veulent aussi adoucir le sort des autres esclaves, soit en empêchant qu’on ne les maltraite comme autrefois, soit en leur donnant de meilleurs vivres, de plus grandes places (jardins à cultiver) pour leur aisance, plus de rechanges par an, plus de temps par semaine pour s’occuper de leurs propres affaires,