Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 2.djvu/173

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des troubles occasionnés par la déportation de Cambefort et autres agens de l’ancien régime. Cette troupe réunie se divisa en trois corps : l’un, sous les ordres de Gauvain, se dirigea sur la principale entrée de la maison du gouvernement, ci-devant couvent des Jésuites ; l’autre, sous ceux de César Galbaud, contourna cette maison du côté du Champ-de-Mars ; le troisième corps, formant la réserve sous les ordres de l’ex-gouverneur, resta sur le quai pour appuyer les autres au besoin.

Le général Laveaux étant malade, le commandement des troupes blanches et des hommes de couleur accourus au secours des commissaires, fut dévolu au colonel Antoine Chanlatte ; il était secondé notamment par Jean-Baptiste Belley, nègre libre, qui devint ensuite membre de la convention nationale[1].

La troupe qui défendait les commissaires civils, rangée en bataille sur la place d’Armes, devant la maison du gouvernement, reçut le choc des assaillans commandés par Gauvain. Habiles tireurs, les hommes de couleur, pleins de courage d’ailleurs, couchèrent par terre un grand nombre des jeunes gens qui les attaquèrent. Mais forcés par la supériorité numérique des assaillans qui avaient des pièces de campagne et des obusiers, les défenseurs de la commission civile se repliaient dans la cour du gouvernement. À ce moment, Belley les pousse en avant avec une résolution énergique, et les assaillans se replient à leur tour sur la place d’Armes où le désordre et la confusion se mettent dans leurs rangs : ils fuient par toutes les rues aboutissantes ; ils sont pour-

  1. Nous avons vu au Musée de Versailles le portrait de ce noir, sous le nom de Jean-Bapliste Belley : il est peint en costume de Représentant du Peuple, par Girodet.