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rompues le 21 février, ou plutôt « suspendues, » disait le légat, parce qu’il reconnaissait la nécessité d’informer le Saint-Père de ce que désirait le Président d’Haïti, afin qu’il arrivât aux moyens de doter la République d’un clergé national.

Après cette rupture, le légat obtint une audience de Boyer e lut fit savoir ce qu’il croyait être plus utile, dans le moment, pour parvenir à ses vues. Il dit : — qu’il croyait convenable d’ajourner l’érecion de l’achevêché à Pétion e des évêchés, pour n’avoir pendant quelques années, au Port-au-Prince ou à Pétion, qu’un évêque in partibus, vicaire apostolique du Saint-Siége, nommé par le Président parmi les prêtres desservant actuellement à Haïti, et institué par le Pape. Cet évëque présiderait à l’établissement d’un séminaire pour préparer de jeunes haïtiens à la prêtrise, et surveillerait tout le clergé catholique existant : de cette manière, disait-il, les populations de la partie de l’Est s’habitueraient à voir le chef de 1 Église haïtienne placé sous les yeux du gouvernement, dans la capitale, et elles se conformeraient plus facilement à la translation désirée de l’archevêché de Santo-Domingo dans l’Ouest. Et si le Président voulait avoir confiance en lui, il se chargerait volontiers de lui procurer de bons professeurs ecclésiastiques pour diriger l’instruction des séminaristes. Il offrit même de se charger d’amener à Rome une vingtaine de jeunes haïtiens pour les faire instruire aux frais de la République, leur instruction et leur entretien ne devant pas coûter, pour chacun, au delà de cent piastres par an.

Le Président tenait au remplacement de l’archevêque décédé et ne se souciait nullement d’un vicaire apostolique. Il engagea le révérend Jean England à aller lui--